Quand le "développement" crée la pauvreté, l'exemple du Ladakh

13 mars 2010

C'est de ce livre qu'a été tiré le documentaire "de l'autre côté du développement, apprendre du Ladakh"

Comme le Tibet et toute la région himalayenne, le Ladakh a mené pendant des siècles une existance autonome et peu menacée. En dépit d'un climat rigoureux, d'un environnement très âpre, les gens y sont en général heureux et satisfaits. Cela est dû, sans doute, en partie à une frugalité née de l'autosuffisance, en partie à la culture bouddhiste dominante. L'auteure souligne à juste titre l'humanité des valeurs de la société ladakhi : un profond respect des besoins élémentaires des autres, l'acceptation des limites naturelles imposées par l'environnement. C'est là une attitude responsable digne d'admiration et qui a beaucoup à nous apprendre.
helenaLes bouleversements survenus au Ladakh [pareil pour le zanskar et les autres peuples de cette région (tashi)] ces dernières décennies reflètent des tendances globales, à mesure que notre monde rétrécit, des peuples jusqu'alors isolés sont inévitablement attirés au sein de la grande famille humaine. Naturellement, l'adaptation demande du temps et le changement est inévitable.
Je partage les inquiétudes de l'auteur face aux menaces qui pèsent sur l'écologie de notre planète, et j'admire tous ses efforts pour proposer des solutions alternatives à bien des problèmes du développement moderne. Si le durable trésor des Ladakhis - leur sentiment de responsabilité envers les autres comme envers l'environnement - peut être défendu et appliqué à des situations nouvelles, alors je pense qu'on est en droit d'être optimiste quant à son avenir. Bien des jeunes du Ladakh ont acquis une éducation moderne et sont prêts à aider leur peuple. Dans le même temps, l'éducation traditionnelle s'est vu renforcer dans le système monastique grâce à la reprise des contacts avec les monastères tibétains établis en exil. Enfin, le Ladakh ne manque pas d'amis à l'étranger : comme l'auteure, ils sont tout disposés à lui offrir leur assistance et leurs encouragements.
Si attirante que puisse paraitre une société traditionnelle, on ne peut lui refuser l'accès aux bienfaits du développement. Mais celui-ci, ne suarait emprunter une direction unique. Parmi les peuples comme celui du Ladakh, il y a souvent un développement intérieur, un sentiment de chaleur humaine et de satisfaction que nous ferions bien d'imiter
Préface de KUNDUN 26 février 1991

norbergHelena Norberg-Hodge, linguiste, écrivaine et militante, a résidé dans différents pays, notamment la Suède, l’Allemagne, l’Autriche, l’Angleterre et les États-Unis. Elle a fondé et dirige la Société internationale pour l’écologie et la culture et le Projet Ladakh.

Lauréate du prix Nobel alternatif en 1986, Helena Norberg-Hodge a publié Quand le développement crée la pauvreté (Fayard, 2002) et Manger local : un choix écologique et économique, avec Todd Merrifield et Steven Gorelick (Écosociété, 2005).

 

 

Tsewang Paljor (en1975) : "Ici nous n'avons pas de pauvres".
Le même en1985 : "Si seulement vous pouviez nous aider, nous autres Ladakhis sommes si pauvres"