C'est de ce livre qu'a été tiré le
documentaire "de l'autre côté du développement, apprendre du Ladakh"
Comme le Tibet et toute la région
himalayenne, le Ladakh a mené pendant des siècles une existance autonome
et peu menacée. En dépit d'un climat rigoureux, d'un environnement très
âpre, les gens y sont en général heureux et satisfaits. Cela est dû,
sans doute, en partie à une frugalité née de l'autosuffisance, en partie
à la culture bouddhiste dominante. L'auteure souligne à juste titre
l'humanité des valeurs de la société ladakhi : un profond respect des
besoins élémentaires des autres, l'acceptation des limites naturelles
imposées par l'environnement. C'est là une attitude responsable digne
d'admiration et qui a beaucoup à nous apprendre.
Les
bouleversements survenus au Ladakh [pareil pour le zanskar et les autres
peuples de cette région (tashi)] ces dernières décennies reflètent des
tendances globales, à mesure que notre monde rétrécit, des peuples
jusqu'alors isolés sont inévitablement attirés au sein de la grande
famille humaine. Naturellement, l'adaptation demande du temps et le
changement est inévitable.
Je partage les inquiétudes de l'auteur face aux menaces qui pèsent sur
l'écologie de notre planète, et j'admire tous ses efforts pour proposer
des solutions alternatives à bien des problèmes du développement
moderne. Si le durable trésor des Ladakhis - leur sentiment de
responsabilité envers les autres comme envers l'environnement - peut
être défendu et appliqué à des situations nouvelles, alors je pense
qu'on est en droit d'être optimiste quant à son avenir. Bien des jeunes
du Ladakh ont acquis une éducation moderne et sont prêts à aider leur
peuple. Dans le même temps, l'éducation traditionnelle s'est vu
renforcer dans le système monastique grâce à la reprise des contacts
avec les monastères tibétains établis en exil. Enfin, le Ladakh ne
manque pas d'amis à l'étranger : comme l'auteure, ils sont tout disposés
à lui offrir leur assistance et leurs encouragements.
Si attirante que puisse paraitre une société traditionnelle, on ne peut
lui refuser l'accès aux bienfaits du développement. Mais celui-ci, ne
suarait emprunter une direction unique. Parmi les peuples comme celui du
Ladakh, il y a souvent un développement intérieur, un sentiment de
chaleur humaine et de satisfaction que nous ferions bien d'imiter
Préface de KUNDUN 26 février 1991
Helena
Norberg-Hodge, linguiste, écrivaine et militante,
a résidé dans différents pays, notamment la Suède, l’Allemagne,
l’Autriche, l’Angleterre et les États-Unis. Elle a fondé et dirige la
Société internationale pour l’écologie et la culture et le Projet
Ladakh.
Lauréate du prix Nobel alternatif en
1986, Helena Norberg-Hodge a publié Quand le développement crée la
pauvreté (Fayard, 2002) et Manger local : un choix écologique
et économique, avec Todd Merrifield et Steven Gorelick (Écosociété,
2005).
Tsewang Paljor (en1975) : "Ici nous n'avons pas
de pauvres".
Le même en1985 : "Si seulement vous pouviez nous aider, nous autres Ladakhis
sommes si pauvres"